Aurore(PV kera)

La Nuit. D'habitude, lorsque les ténèbres happaient la lumière, je partais faire une promenade nocturne. Mes sentinelles ayant alors la possibilités d'aller se reposer. J'assurais la sécurité de la meute la Nuit. Mais cette nuit là, j'avais préféré rester au camp. Je n'avais pas envie de sortir, préférant garder les Etherix pour cette fois. J'attendais toujours les propositions d'alliances des Gwanfires ou des Skywings. La petite Foe m'ayant déja demandé quel serait mon choix . . . Ne parvenant pas à m'endormir, j'avais passé la nuit à vagabonder dans les camps, entre les ruines et les touffes d'herbes. L'aurore . . . j'avais encore un peu de temps à passer en compagnie des ombres . . . Un craquement. Je me retournais et vis Blado. Un Etherix de la meute. Son pelage gris refletait les quelques rayons de lunes. Il me salua de cette façon :

Salut Alpha Violate de l'étoile solitaire !

Violate de l'Etoile Solitaire. Après Violate de Béhémot, Violate de l'Etoile Solitaire ou de l'Etoile Céleste de la Solitude était devenu mon nom complet. Et oui . . . cela faisait déja deux ans que j'ai rejoin la meute des Etherix. Pourtant, j'avais gardé l'habitude d'avoir un nom complet, comme à Inferno . . . Je le regardais de mon oeil visible s'approcher de moi. Mon oeil droit caché par ma crinière mauve. Je lui répondis d'une voix calme et neutre :

Bonjour Blado.

Blado. Je ne lui avais jamais encore parlé. Du moins, je n'avais jamais eut de conversation quelconque avec lui. Je savais qu'il avait un lourd secret, mais qui ne semblait pas lui peser. Une enfance difficile ou quelque chose comme ça. Tout comme moi. Il n'a jamais révélé son passé à quelqu'un, pas même à un membre de la meute. Encore une fois, tout comme moi. D'après les Etherix, sa mère aurait été retrouvée morte, son cadavre dégoulinant de sang. Or, quand cette histoire s'est passée, je n'avais pas encore intégré la meute. Mais quelque chose me disait que c'était lui qui avait tué sa propre mère. M'enfin . . .

C'est ... une belle ..fin de nuit.N'est-ce pas?

Il semblait hésitant. Je sentis un court instant son regard sur mon oeil droit. Le fait qu'il soit caché avait attisé la curiosité des Etherix. Mais je n'avais jamais donné d'information le concernant. Blessure, malédiction, leur imagination n'avait pas de limite. Je sentis qu'il était mal à l'aise, la plpart des Etherix me craignent, de par mon pouvoir, et de par ma force brute. Je lui répondis avec neutralité :

Oui.

J'aimais la nuit, mais le jour ne me déplaisait pas. Les rayons chaleureux du soleil venant réchauffer mon corps endolori par les blessures après un combat me remplissaient de joie. Et le calme apaisant de la nuit me permettait d'être au mieux de ma forme. Le jour et la Nuit. Si je devais me poser dans un des deux camps, ce serait "DarkSide". Et cela, tous les autres loups de Wenfile l'ont compris. Lorsque je m'investis dans un combat, ce n'est jamais pour essuyer une défaite, mais si c'est la meilleure des écoles. J'étudie chaque stratégie, aiguisant mon sens de l'observation. Mes pattes endurcies par mes entrainements sur Inferno faisaient de moi une bonne combattante, et je comptais bien protéger la meute d'Anarchia. Je me redressais et regardais l'horizon. Le ciel s'éclaircissait petit à petit, la couleur chatoyante du saumon pâle chassa la couleur bleue nuit.

-Je ne savais pas que vous sortiez, la nuit?

Je le fixais pendant quelques secondes. L'atmosphère devint pesante. Les Ombres étaient mon élément, tout comme mes frères, j'avais grandi dans les ténèbres, jusqu'à ce que je sois obligée de pénétrer dans la lumière. Une brise matinale balaya les herbes des ruines, faisant onduler ma mèche. J'étais faite de mystère et de terreur, inspirant la crainte et le respect. moi, l'Etrangère de Wenfile. Je fermais les yeux et les rouvris, répondant à Blado, sur le même ton :

En effet. La nuit me permet d'avoir les idées claires.

Pauvre Blado. S'il comptait sur moi pour tenir une conversation entière, il allait être déçu. J'étais plutôt taciturne et avais pour habitude de parler très peu. Pandore me répétait souvent que j'étais trop sauvage, et que pour une fille, il fallait que je sois plus sociable. Malheureusement, je n'étais ce genre de personne . . . Cela faisait bien longtemps qu'un membre de la meute ne m'avait pas adressé laparole, à l'exception près de Clyde. Etrangement, il me rappelait mes frères, lorsque j'étais avec lui, je ressentais la même sensation que celle que je ressentais avec Wimber ou Fedor. Moi qui avais forgé une carapace impénétrable pour ne pas être affaiblie psychologiquement, je me mettais à ressentir des sentiments que je n'avais encore jamais perçus. Le monde est bien étrange.

-Alpha, je vais vous paraitre insolent ou indiscret mais, d'où venez vous?

Cette question me plaça le sang. Malgré tout, je restais calme, ne laissant rien paraitre, aucus troubles, ou aucuns signes d'agacement. D'où je venais. Beaucoup d'Etherix m'avaient posé la question, et j'avais toujours répondu une seule chose : de quelque part. Ce serait trop long à expliquer. Et tant que je n'aurai pas retrouvé mes frères, ou tant que je ne me sentirais pas prête à raconter mon passé aux autres, je préférais ne rien leur dire. Les Spectres . . . Mon armure était restée là bas, et je n'avais aucunes chances de la récupérer. A présent, la seule chose qui couvrait ma patte était ma mitaine. Je ne regrettais rien. Mais ce qui me consolait, c'était que personne ne pourrait revêtir mn armure, celle de Béhémot. Car chaque armure a son maitre, et ne peut pas en changer. Un long silence s'installa. Je resterais muette sur mon passé et mes origines tant que je n'aurai pas suffisemment confiance en ma meute adoptive. Ils avaient fait beaucoup pour moi. Cependant, j'ignore s'ils accepteront la nouvelle. Je pourrais e^tre chassée, et vivre en solitaire, comme je l'avais toujours fait. Je finis par répondre d'une voix neutre et calme :

De quelque part.

Mon passé m'avait forgé, c'était grâce aux entrainements des Spectres que j'étais devenue ce que je suis actuellement. Même s'il y avait des passages de ma vie que je préférais ne jamais avoir vécu, c'était bel et bien grâce à toutes ces épreuves que j'avais acquis cette force, cette rapidité, et tout ce qui faisait que j'étais une redoutable combattante. Je me levais, à pas de loup, sans faire de bruit.

Pendant que Blado déblaterrait, je tentais ne pas succomber à l'envie de le faire taire. Vielles habitudes d'Inferno. Quand on voulait la paix ou encore quand on en avait assez, on tuais, ou si l'on était de bonne humeur, on faisait taire l'individu. Ces vieilles pratiques me colleront toujours à la peau. Moi qui autrefois étais l'une des Spectres les plus redoutées, malgré mon jeune âge. Les assassins le savent bien, il est difficile de contenir des pulsions meurtrières lorsqu'elles sont trop importantes, ou encore, lorsque notre cible est proche de nous. Pourtant, c'est un véritable travail de self controle qui s'opère, le controle de sois même. Ne pas tuer dès qu'on en ressent le besoin. Nous n'étions ni des machines, ni des esclaves, et nous ressentions des sentiments, même si à la longue, nous avions acquéri un coeur de pierre, une carapace qui empêchait des failles de venir s'immisser.

-Je ne veux pas vous offenser, je veux juste savoir a qui j 'ai affaire.

Je me retournais vers lui, mon oeil visible n'était plus qu'une fente, mes prunelles mauves, ardentes posaient sur lui.

Je suis ton Alpha. Voila à qui tu as à faire. Tâche de ne pas l'oublier.

-Que...que sont devenus vos frères?

Son visage dépourvu d'expression laissait penser qu'il ne craignait rien, mais je sentais qu'il avait peur. Peur d'être allé trop loin, comme tus les Etherix, lui aussi redoutait mes foudres. Tous savaient que lorsque je tuais, je laissais rarement une chanc eà mon adversaire de survivre. Sa question ne me troubla pas. Wimber. Fedor. Cela faisait si longtemps que je ne vous avez pas vu. Mais je savais que vous n'étiez pas du genr eà vous laisser mourir sans combattre. Nous étions de la même trempe. MOn regard s'intensifia, et devint pesant. Peu de loups étaient capables de le soutenir. Je répondis d'une voix neutre :

Je l'ignore.

Je continuais de marcher, d'un pas léger et silencieux. Petit à petit, les autres Etherix sortaient de leur tanière, le jour commeçait à se lever.