...Et puis l'aube fut! [Illusion]

L'aube est le moment que je préfère. C'était aussi celui que préférait mon père. Je me souviens, il n'y eut pas une seule journée où je ne me levais pas en même temps que le soleil. Dès que le ciel rosissait, je m'éveillais et sortais de ma tanière. Quelques minutes plus tard, mon père me rejoignait, s'assisait près de moi, et ensemble nous profitions de la quiétude du matin. L'aube est synonyme d'espoir, de renouveau. Chaque journée est différente de la précédente, apportant des nouveautés. Demeuré fixé sur le passé est inutile. Alors dis-moi, papa, pourquoi ne me suis-je toujours pas remise de ta mort? Cela fait déjà une semaine. Je compte les jours qui séparent mon présent à ton dernier souffle. Je sais pourquoi tu es parti. C'était ton temps. Malheureusement, je ne peux pas l'accepter. Je suis grande, mais je n'étais pas prête à cela. Qui l'est, de toute façon? Tu me laisses à mon deuil. Je ne t'en suis pas reconnaissante.

J'en étais à mon troisième tours de la forêt quand je décidai de rentrer au coeur de la forêt. Depuis la mort de mes parents et la disparition de ma soeur, je me rabachais sur la sécurité de la forêt, ayant pour seule compagnie ma petite personne. Le pas léger et silencieux, je pratiquais ma furtivité. Au moindre bruit suspect, je m'écrasais au sol, prête à bondir, et j'avançais lentement vers l'ennemi. Puis, je m'aperçevais que ce n'était qu'un écureuil ou le vent. Je n'étais même plus capable de distinguer le vent... La folie me gagnait peu à peu, et je ressentais le besoin de ne plus m'éffacer. Malheureusement, un doute substistait dans mon esprit: m'en voulaient-ils? Lors de l'attaque de l'ours, nous aurions pu intervenir et éviter à mon père cette blessure mortelle. Ce jour là, j'en avais été incapable. La peur me dévorait, tandis que je vivais l'horreur de perdre un parent. Honte à moi.

La queue et les oreilles basses, j'atteignis enfin ma destination. Mes pattes étaient lourdes par le trouble qui m'habitait, et j'avoue que la mine que j'affichais en décourageait plusieurs à m'adresser la parole. Je ne regardais personne, tête penchée vers l'avant, regardant mes pattes. Au coeur de la forêt passait un ruisseau. Je m'installai donc près de ce dernier, dans le but de me reposer un peu. Comme si je ne me reposais pas assez! Non, décidément, je n'allais pas. Les autres le savaient et respectaient mon silence. Les funérailles en l'hommage de ma mère avaient été faites avec beaucoup de respect. Ceux de mon père, quelques jours avant, étaient fort tristes. Pour ce qui est du départ de ma soeur, je n'en parlerai même pas. Elle est lâche. Quelle vie dramatique. Je hais le drame. Trop de négativité, mais que pouvais-je donc faire à cela? Seulement laisser la plaie se cicatriser d'elle-même.

Messages : 10 Date d'inscription : 05/03/2013

Un autre matin, une nouvelle journée, et la vie qui suit son court. Je me lève aux aurores, afin de refaire la ronde habituelle des terres, afin de vérifier les réserves, et si aucun crime de traîtrise ou autre avait été commis. Rien d'anormal. D'un pas à la fois allongé et pataud, je trouve repos près de la petite rivière qui longeait le coeur de notre zone.

L'eau est claire, douce et amicale. Le soleil rosé teignait cette eau pure d'une légère poudre matinale. Vif, mais lent, il montait aussi vite que je marchais sur les galets polis par les va-et-viens de l'eau. Mon regard était haut, bien que ma tête fut basse. Mon pelage sombre semblait se fondre dans le paysage, les feuilles qui parsemaient mes pattes s'illuminait au contact de la nature, si belle soit elle.

Une svelte créature apparut non loin d'ici. A en juger sa couleur verdâtre, sans doute une Leafegon. M'approchant encore doucement, je pus la reconnaître sans grande difficulté. Ce regard clair ... Je l'avais connu dès son plus jeune âge, et l'avait formée afin qu'elle soit apte à protéger son clan comme anciennement, sa famille. Elezra ... Puisse que tes pères reposent en paix.

- Bon matin pour une balade, n'est-ce pas, aimable Elezra ?

De l'autre côté de la rive, je m'assis calmement face à elle, la fixant d'un regard protecteur et assuré. C'était sans doute l'une des plus courageuses de la meute, des plus prometteuse et acharnée. Aucune autre louve n'avait été à sa hauteur, et ce pourquoi on l'avait envoyée combattre avec les jeunes mâles. Et encore là, ce fut un succès pour elle ...

- J'espère ne pas vous avoir dérangée, douce animale.

Je sentais mes paupières devenir lourdes, mais mon corps refusait de s'abandonner au sommeil. Je dormais peu ces temps-ci, j'étais épuisée, mais ne pouvait me résigner à me reposer. Je n'étais pas en paix avec moi même. Dès que j'entrais dans la phase du rêve, des cauchemars douloureux venaient me hanter, où je revoyais toute la scène. Je ressentais tout ce qui s'était passé durant l'accident, sans pouvoir m'en échapper. Je voyais donc avec quelle lâcheté moi et ma soeur étions restées impuissantes face à la mort de ma mère et la blessure de mon père... Je me réveillais toujours au même moment: lorsque je supplie ma mère de ne pas rendre son dernier souffle, de tenir bon, elle me sourit, je vois son abdomen s'affesser et son regard devenir vitreux et sans vie.

- Bon matin pour une balade, n'est-ce pas, aimable Elezra ?

Je dressai les oreilles en entendant une voix familiaire, puis je me redressai pour prendre une position un peu plus convenable face à mon très cher Alpha. Je mis les pensées morbides qui me harcelaient en plan afin de réfléchir un peu plus clairement.

- Je vous l'accorde, je reviens justement d'une ronde autour de la forêt. Tout est calme, cela fait du bien.

La forêt était notre refuge à nous, les Leafegons. Les arbres, les feuilles, les fougères, la mousse, les rochers, tout cela dégageait un quelque chose, une énergie qui nous faisait nous sentir si bien... et en sécurité. J'aimais la forêt. Je faisais partie d'elle, et elle faisait partie de moi.

- J'espère ne pas vous avoir dérangée, douce animale.

Je souris en entendant ses paroles. S'il m'avait dérangé? Biensûr que non. Et même si cela avait été le cas, je ne m'en serais pas offusquée pour le moins du monde. Illusion. C'était une personne que j'affectionnais beaucoup. Durant mon enfance, c'était lui qui m'apprit et me forma afin de devenir une guerrière redoutable. Sans favoritisme, il avait reconnnu ma valeur et m'avait classée avec les mâles du clan. Cela avait été tout un honneur. Ma soeur, elle, n'avait pas eu cette chance. Je crois que c'est ce qui a semé la pourriture dans notre relation à elle et à moi... Enfin, tout cela est du passé.

- Vous savez bien que non, Alpha. Je... je méditais, je crois.

Quelle drôle de méditation... La méditation n'était-elle pas pour calmer les esprits? Dans mon cas, cela ne faisait que compliquer les choses. Je me torturais en fait. N'empêche, la présence d'Illusion en ce moment précis était rassurant. Je savais qu'il avait ma santé à coeur, et que si un jour je m'effondrais complètement, il serait là pour me redonner courage. Il était un très bon Alpha.

- Je peux vous aider en quoi que ce soit Illusion?

Elezra enroula sa queue autour de ses pattes, attendant une quelconque demande. Elle avait besoin de changer ses idées, de s'occuper, parce que la folie était proche... Le manque de sommeil, le vide qui envahissait son coeur, la colère depuis la disparition de sa soeur. Tout cela commençait à devenir trop pesant.

Messages : 10 Date d'inscription : 05/03/2013

Son regard était lourd, presque forcé. je sentais bien que quelque chose n'allait pas vraiment via sa voix, chez cette
louve. Ma tête hochât doucement, un peu agacé du mensonge probable. Elezra semblait perturbée par quelque chose. Mais si elle tenait à
le cacher, je ne devais pas intervenir. Je soupira doucement, afin de calmer ce creux d'information, qui avait eu tendance à refroidir la
relation Alpha-Guerrier.

- Bien ... Je n'ai besoin de rien, je ne faisais que veiller sur notre clan.

Je m'approcha de nouveau de l'eau pure afin de m'y coucher juste devant. Le vent passait entre mes oreilles, l'herbe confondue avec mes
tracés dansait sous le soleil se réveillant. Je ferma les yeux tout doucement, pensant à tout et rien. Un semblant d'un long moment
m'apparut, puis, les ouvris de nouveau, brusquement, en direction de la guerrière, même si rien n'apparaissait, noir. Son état commençait à
me rendre perplexe.

- Vous pensez à vous reposer de temps en temps, ma belle ?

La connaissant, elle allait s'énerver aussi, un peu. Mais ce jeu ne pouvait pas durer, chaque loup ici était mon fils ou ma fille, mon frère ou

ma soeur. Entre famille, rien ne devait être caché, les secrets ne devaient qu'alléger son coeur et son âme. Et ici, ce n'était pas le cas ...

- Parce que je ne pense pas que vous méditiez, ou bien, en mal pour vous ...

[Salut Kesky, comme je quitte Wenfile, veux-tu qu'on termine ce RP d'abord ou que je l'envoie à la corbeille?]

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